10 mars 2021
L'ex-président prend la parole au siège du syndicat des métallurgistes. Crédit photo: Ricardo Stuckert

Au siège de l’Union des métallurgistes de l’ABC, à São Bernardo do Campo, l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva a fait sa première déclaration, après l’annulation des peines prononcées contre le membre du PT par le 13e tribunal fédéral de Curitiba, dans le Paraná, conduit par le ministre Edson Fachin, de la Cour suprême fédérale (STF), et a attaqué l’ancien juge Sergio Moro, responsable des procès de l’opération Lava Jato.

«Nous continuerons à nous battre pour que Moro soit considéré comme suspect. Il n’a pas le droit de devenir le plus grand menteur de l’histoire du Brésil et de devenir un héros. Le dieu d’argile ne dure pas longtemps. Je suis sûr qu’aujourd’hui, il doit souffrir beaucoup plus que moi » , a déclaré l’ex-président, qui a accusé les médias d’avoir “signé un pacte” avec Lava Jato.

Lula a également affirmé qu’il était «victime du plus grand mensonge juridique, raconté en 500 ans d’histoire» et a évoqué le souvenir de Marisa Letícia, son ex-partenaire, décédée le 3 février 2017.

« Elle est morte sous la pression, l’AVC a été précipité. Il m’a même été interdit de rendre visite à mon frère dans son cercueil. Donc, s’il y a un brésilien qui a des raisons d’avoir beaucoup de chagrins profonds, c’est moi. Mais je n’en ai pas. Sincèrement je n’en ai pas. Parce que la souffrance que traverse le peuple brésilien, que les personnes pauvres vivent dans ce pays, est infiniment plus grande que n’importe quel crime qu’ils ont commis contre moi. »

L’ex-président s’est dit soulagé par la décision publiée par le STF. «Avant-hier, ce fut une journée gratifiante. Je suis reconnaissant au ministre Fachin, car il a exécuté une décision que nous demandions depuis 2016. Il a rempli, 5 ans plus tard, quelque chose qu’il a mis en place depuis 2016. Le gang de procureurs du groupe de travail et Moro ont compris que le seul moyen de me coincer était de m’attirer dans Lava Jato parce qu’ils voulaient créer un parti politique et essayer de me criminaliser. »

Critiques envers le gouvernement
Le gouvernement du président Jair Bolsonaro (sans parti) a été critiqué par Lula. «J’ai besoin de vous parler de la situation dans ce pays. Ce serait une erreur de ma part de ne pas dire que le Brésil n’a pas besoin de passer par là».

«Beaucoup de gens souffrent. C’est pourquoi je veux apporte ma solidarité aux victimes du coronavirus et aux personnels de santé, mais surtout aux héros et héroïnes du SUS, qui ont été politiquement discrédités. Sans le SUS, nous aurions perdu beaucoup plus de personnes à cause du coronavirus. »

L’ex-président a demandé aux Brésiliens de se faire vacciner contre Covid-19. « Ne suivez aucune décision stupide du Président de la République ou du Ministre de la Santé. Faites-vous vacciner. Nous avons un président qui a dit que quiconque a peur du coronavirus était une «poule mouillée», que c’était une “petite grippe”, qu’il était un ancien athlète et qu’il ne l’attraperait pas. Ce n’est pas le rôle d’un président. »

Lula éleva le ton et continua de critiquer Bolsonaro. «Il ne sait pas ce que c’est que d’être président. Il n’était rien, toute sa vie, il n’était même pas capitaine, il était lieutenant. Après sa retraite, il n’a jamais rien fait de sa vie, il était conseiller municipal et député. Il a exercé son mandat et a réussi à faire passer l’idée qu’il n’était pas un homme politique. Pendant 32 ans, il n’a rien fait. Ce pays n’a pas de gouvernement, ne s’occupe pas de l’économie, de l’emploi, des salaires, de la santé, de l’environnement, de l’éducation et ne s’occupe pas des jeunes de la périphérie. En d’autres termes, de quoi s’occupent-ils? » Demanda-t-il.

La chute de 4,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2020, a fait sortir le Brésil des dix plus grandes économies du monde, qui occupe désormais la 12e position, a été rappelée par le membre du PT. «Ce pays, qui à l’époque où le PT dirigeait, est devenu la sixième économie du monde. A Copenhague, j’ai joué avec la France et l’Angleterre: «Préparez-vous, nous vous avons déjà dépassé, maintenant je veux passer l’Allemagne». Le Brésil n’est pas né pour penser petit, il est né pour être grand. Nous étions un pays très respecté. En Chine, en Allemagne ou aux États-Unis d’Amérique du Nord. Ce pays avait un projet. Qu’est-ce que ce pays a aujourd’hui? »

Remerciements
Lula a consacré une partie de son discours aux remerciements pour le soutien qu’il a reçu pendant la période au cours de laquelle il a été jugé et qui était détenu à la prison de la police fédérale, à Curitiba, Paraná.

«La prison n’était pas la souffrance à laquelle je m’attendais. Je ne sais pas si quelqu’un dans l’histoire a eu autant de soutien. Alors, je dois remercier le mouvement syndical et le mouvement sans terre », a souligné l’ex-président, se remémorant la veillée qui a accompagné son passage en prison, devant la prison.

L’Argentine a eu une attention particulière envers Lula. «Je ne pouvais pas manquer de remercier le président Alberto Fernandez, qui a eu la décence, contre l’extrême droite, il a eu le courage de se rendre à la police fédérale de Curitiba pour me rendre visite. Je lui ai même demandé de ne pas donner d’interview pour ne pas subir un préjudice. Il m’a dit: “Lula, je n’ai aucun problème avec ce que la droite va dire, je suis venu ici pour faire preuve de solidarité avec vous qui vivez la plus grande injustice politique jamais pratiquée en Amérique latine.” »

Puis Lula se souvint d’un autre Argentin. «Mes remerciements à notre cher Pape François. Non seulement parce qu’il a envoyé une personne me rendre visite à Curitiba, pour me remettre une lettre, que la police fédérale ne voulait pas laisser passer, puis j’ai fini par la recevoir, en plus de ses belles déclarations du pape à plusieurs autres reprises. »

D’autres dirigeants politiques ont également été cités. «Je ne pouvais pas manquer de citer le camarade Pepe Mujica. Je ne peux manquer non plus de remercier le sénateur Bernie Sanders et le maire de Paris, la camarade Anne Hidalgo, qui m’ont reçu lors des élections », a-t-il rappelé.

Brasil de Fato | Edition: Rodrigo Chagas | Traduit par Francis Gast.